Le risque de change est lié à la volatilité des devises sur
le marché des changes. Ce risque existe lorsque les entreprises effectuent des opérations commerciales avec l’étranger (exportations et/ou importations) dans une devise autre que l’euro. Se préoccuper de la politique de couverture à mettre en œuvre pour se protéger contre le risque de change représente un objectif essentiel pour ces entreprises. Le risque a disparu pour les pays européens qui ont adopté l’euro comme monnaie d’échange. Toutefois, il reste présent pour les échanges avec les autres pays.
Les types de risque
Les fluctuations des monnaies peuvent affecter l’entreprise sur deux plans.
1. Le risque de transaction
Les opérations d’exportation et d’importation comportent généralement des délais de paiement ou de règlement pendant lesquels les fluctuations de changes peuvent affecter de façon sensible le montant des factures converties en euros.
Exemple : le 15 janvier, une entreprise réalise une opération d’exportation pour 85 000 USD payables le 15 mars. Le jour de la transaction commerciale, l’euro cotait 1,05 USD sur le marché au comptant. Le jour du règlement le 15 mars, la valeur de l’euro est de 1,10 USD. Valeur du contrat au 15 janvier : 85 000/1,05 = 80 952 EUR. Valeur du contrat au 15 mars : 85 000/1,10 = 77 272 EUR. Si l’entreprise ne s’est pas couverte et si elle change ses 85 000 USD le 15 mars, sa perte est de 80 952 – 77 272 = 3 680 EUR.
2. Le risque de perte de compétitivité
Une variation des taux de change de l’euro par rapport à une devise étrangère peut affecter le prix des produits en les rendant plus ou moins chers pour les acheteurs étrangers. De même, une variation positive ou négative des cours de change peut faire fluctuer le prix des importations de matières premières, affectant de la sorte le coût de revient des produits finaux, d’où une perte de compétitivité.
L’appréciation du risque
Elle se situe en amont de l’opération commerciale avant la facturation, au moment de l’établissement de l’offre (catalogue, tarif…) dans le cas d’une exportation ou à la commande dans le cas d’une importation.
La position de change (PCH) d’une devise
C’est la situation d’une entreprise à une date donnée, relative à la somme de ses avoirs et engagements en devises. Les avoirs représentent les devises à recevoir (créances résultant de ses ventes, achat de devises…). Les engagements représentent les devises à verser (achats, emprunts à rembourser, ventes à terme…). Elle s’établit plus ou moins régulièrement selon la fréquence des opérations commerciales et financières de l’entreprise. Deux cas sont possibles :
- La PCH est égale 0 : la position est dite nulle ou fermée, l’entreprise n’est pas en risque de change.
- La PCH est différente de 0 : la position est qualifiée d’ouverte. La position est dite longue s’il y a un excédent de créances en devises (cas de l’exemple) et courte si l’entreprise détient moins de créances que de dettes.
La détermination des seuils de tolérance
C’est l’entreprise qui fixe ses propres seuils de tolérance face au risque de change. Trois possibilités s’offrent à elle.
1. La non-couverture du risque
Ce choix est adopté si l’entreprise :
- Traite avec des devises stables.
- Souhaite « prendre le risque » dans le but de réaliser un gain de change (attitude spéculative).
- Juge le coût de couverture trop élevé par rapport au risque encouru.
2. La couverture systématique
Elle consiste à se couvrir automatiquement dès qu’apparait un engagement ou un avoir en devises. Cette attitude est conseillée lorsque les devises sont volatiles et que les opérations commerciales sont d’un montant élevé. En effet, la perte de change risque d’entraîner une érosion importante de la marge.
3. La couverture sélective
La politique de l’entreprise consiste à mettre en place des critères de sélection qui correspondent à un niveau d’acceptation du risque et à une anticipation de l’évolution du risque de change. C’est l’entreprise qui détermine si elle se couvre ou non contre le risque.
Les critères de choix de la devise
1. Critères externes à l’entreprise
a) La législation des changes
Certains pays « imposent » leur monnaie nationale dans les opérations commerciales avec l’étranger.
b) Le marché des changes
Il n’existe pas dans tous les pays de marché des changes pour toutes les monnaies. Dans ce cas, l’importateur peut éprouver des difficultés pour se procurer la devise de paiement après des banques locales et peut être amené à refuser la transaction commerciale. Il en est de
même pour l’exportateur, qui peut avoir du mal à convertir la devise reçue de l’étranger.
c) Les habitudes et usages des pays étrangers
Certains pays ont l’habitude de commercer dans une devise.
2. Critères internes à l’entreprise
a) Les devises du portefeuille de l’entreprise
Une entreprise peut opter pour une devise qui compense une position de change de sens contraire, annulant ainsi (en totalité ou partiellement) le risque de change. Cela suppose que l’entreprise effectue des opérations d’importations et d’exportations. Dans ce cas, elle cherchera à payer ses achats dans la même devise que celle utilisée à l’export.
b) Les possibilités financières qu’offre la devise
Le cours à terme de la devise et/ou l’évolution favorable de celle-ci peuvent contribuer à l’obtention d’un gain financier.
Il faut déterminer si le taux d’intérêt de la devise étrangère (dans le cas ou il est plus faible que celui de l’euro) est favorable à l’entreprise, et notamment si elle doit avoir recours à un financement (emprunt en devises).
Le choix de la devise de facturation
Toute transaction entre une entreprise de la zone et une entreprise qui euro utilise une autre devise a pour conséquence de mettre l’une des deux parties en risque de change.
1. La facturation en euros
C’est à l’évidence la solution de facilité pour une entreprise française. Le risque de change est alors supporté par l’autre partie contractante. Toutefois, il faut être attentif au fait que les conditions de compétitivité par rapport à l’offre d’un concurrent peuvent être modifiées si l’offre de ce dernier est présentée dans une devise autre que l’euro.
2. La facturation en devises
La facturation dans la devise de l’acheteur présente un avantage commercial essentiel mais nécessite toutefois de mettre en place une gestion du risque de change.
3. Incidences du choix de la devise
