Il s’écoule souvent plusieurs mois entre le moment où ‘entreprise décide d’engager des frais liés à la prospection et celui où elle encaisse le montant des ventes réalisées sur le marché prospecté. Exporter engendre une mobilisation de capitaux plus importants que sur le marché national, d’où la nécessité de recourir au financement externe
L’influence de l’activité internationale sur la structure du bilan
1. Le besoin en fonds de roulement (BFR)
Le BFR est égal la différence entre l’actif circulant et le passif circulant.

2. Incidence de l’actif circulant sur le BFR
a) Conséquences sur les stocks
L’activité internationale, par l’accroissement des ventes qu’elle génère, a pour conséquence l’augmentation des stocks. En effet, la croissance de la production entraîne une augmentation du stock de matières premières et de produits intermédiaires. De même, l’accroissement du stock de produits finis permet de faire face à la demande supplémentaire.
b) Conséquences sur les créances
Le développement de l’activité de l’entreprise engendre aussi une augmentation des créances clients qui peuvent s’expliquer d’une part par l’augmentation du chiffre d’affaires, et d’autre part par l’allongement de la durée moyenne du crédit clients (sauf si les clients paient à la commande).
Il est en effet fréquent que l’activité export, par rapport à l’activité domestique, entraîne un allongement de la durée de crédit sauf, si l’entreprise arrive à négocier avec ses clients une technique de paiement qui raccourcisse ce délai.
Les procédures spécifiques au commerce international en matière de règlement ou en matière d’incoterm peuvent entraîner des besoins supplémentaires. Ainsi, si l’entreprise vend en DDP, elle doit très souvent financer les opérations logistiques avant d’encaisser le fruit de la vente.
Des besoins supplémentaires peuvent s’ajouter : besoins de financement d’investissements afin d’augmenter les capacités de production, le recrutement de nouvelles compétences, les frais de développement de nouveaux produits…
3. Incidence du passif circulant sur le BFR
Le passif circulant constitue des ressources qui peuvent venir diminuer le BFR :
- Le crédit fournisseurs : les fournisseurs de l’entreprise peuvent accorder des crédits de paiement (accroissement du volume et de la durée du crédit). Selon les pays, cette durée est plus ou moins longue, mais elle coïncide rarement avec celle consentie aux clients.
- Les acomptes versés par les clients étrangers à la commande : cette pratique est peu fréquente, sauf pour les commandes de biens d’équipement. Les acomptes sont de l’ordre de 10% à 30% maximum du montant du contrat.
4. Les solutions possibles face à l’augmentation du BFR
L’activité internationale entraîne souvent le gonflement du du BFR et, en cas d’insuffisance du fonds de roulement, une diminution de la trésorerie nette de l’entreprise. Pour faire face à l’accroissement du BFR, l’entreprise peut : accroître les resources stables et donc augmenter le fonds de roulement, agir sur les postes du BFR, rechercher des solutions de financement à court terme.
Les moyens d’action sur le BFR
L’activité internationale affecte le BFR et la trésorerie.
Deux situations peuvent se présenter :


Pour diminuer le BFR, l’entreprise doit essayer de réduire les décalages dans le temps entre les encaissements et décaissements :
- En réduisant les délais de paiement accordés à ses clients.
- En demandant un allongement des délais de paiement aux fournisseurs.
- En essayant de diminuer le délai de mise à disposition des fonds (décalage entre le moment où l’acheteur ordonne le paiement à l’échéance prévue et le délai de disponibilité des fonds).
L’entreprise prendra les mesures nécessaires pour gérer ses stocks le plus rigoureusement possible.
Les solutions de financement à court terme
Le financement interne est le « fer de lance » de tout développement à l’international. Pour financer ce développement, l’entreprise s’appuiera nécessairement sur des fonds propres sans lesquels les banques risquent de refuser toute intervention.
1. Les acomptes clients (ou avances sur commandes)
L’entreprise peut réduire son besoin de trésorerie en demandant des acomptes à ses clients. Dans ce cas, les clients préfinancent en partie la fabrication des produits commandés.
2. La mobilisation de créances
Ce procédé permet à l’entreprise d’obtenir de la trésorerie en échange de ses créances. Toute créance commerciale peut être mobilisée sous réserve de l’acceptation de la banque. En cas de défaillance du débiteur, la banque reprend le montant correspondant sur le compte bancaire de l’exportateur. Cette technique ne couvre donc pas le risque de non-paiement.
Les banques prennent des garanties en exigeant certains documents : facture commerciale, titre de transport pour prouver l’exportation effective, effet de commerce…
3. L’avance en devises à l’export (ADE)
L’entreprise contracte un emprunt auprès d’une banque pour le montant de la facture dans la devise de facturation. Elle reconstitue sa trésorerie en vendant les devises sur le marché au comptant sans attendre le règlement des factures à l’exportation. L’entreprise remboursera l’emprunt à l’échéance avec le montant de la créance client au moment du règlement du client. L’avance en devises présente l’avantage d’être également une technique de couverture du risque de change.
4. L’avance en devises à l’import (ADI)
L’avance en devises à l’import constitue un prêt consenti par une banque à un importateur afin de lui permettre de régler la facture d’un fournisseur étranger en devises étrangères. L’entreprise importatrice remboursera sa
banque à une date définie.
5. L’affacturage (full factoring)
L’affacturage consiste à transférer les créances commerciales d’une entreprise à un factor, à charge pour lui d’en opérer le recouvrement et d’en garantir la bonne fin, même en cas de défaillance du débiteur. Cette technique propose trois services :
- Le financement : sans attendre l’échéance des créances, l’entreprise peut percevoir en fonction de ses besoins, tout ou partie du montant de factures transférées.
- La prévention du risque d’impayés.
- La gestion des comptes-clients : le factor se charge de tous les aspects de cette gestion (tenue des comptes, recouvrement amiable, contentieux de factures). Il peut également couvrir le risque de change selon les accords passés entre le factor et l’entreprise. Le coût de l’affacturage varie selon les prestations demandées.
6. Le crédit global d’exploitation
La multiplicité des modes de financement de l’exploitation courante de l’entreprise a conduit à la mise en place d’un crédit unique de substitution, le crédit global ‘exploitation. Il s’agit d’une convention passée entre l’entreprise et sa banque, par laquelle la banque fournit à l’entreprise le financement nécessaire à son activité, sous forme d’autorisation annuelle de découvert à un taux négocié. Ce crédit se substitue à toutes les formes
de crédit à court terme classiques (découvert, mobilisation de créances, avance en devises…). La formule présente l’avantage de la simplicité et de la souplesse.
7. La recherche des meilleures solutions de financement
Il s’agit de faire un choix entre les différentes solutions de financement possibles. Plusieurs critères sont à prendre en compte :
- Le montant et la nature du besoin de financement (besoin passager ou plus long, régulier).
- Le coût du financement (le taux d’intérêt, les commissions).
- Les facilités de gestion (certaines solutions sont plus ou moins complexes à mettre en place).
- La couverture du risque (risque de non-paiement).